Radio Castor

La voix !

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A la découverte d’un univers particulier, Max M nous emmène dans le monde de ceux qui fabriquent des remix

L’industrie musicale s’est diversifiée et complexifiée.
Avec le temps, de nouveaux « musiciens » ont fait leur apparition, ou bien résulte simplement d’une évolution, qu’elle soit liée à la demande, aux moyens de diffusion ou à la technologie.
Ainsi, le Disc-jockey, animateur de nos soirées en discothèque ne fait plus qu’enchainer les microsillons pour faire bouger sur la piste de danse, il mixe, arrange, compose, interprète, remixe, produit,…
On a voulu en savoir plus sur ce métier, et pour nous éclairer, nous avons fait appel à un DJ artiste et producteur indépendant renommé, Max M.


Bonjour Max,

Nous travaillons essentiellement avec des musiciens indépendants, et la plupart d’entre eux s’expriment au travers d’instruments traditionnels, guitares, claviers, batteries, cordes, vents, etc…, et bien sûr, la voix.

Pour le public, le DJ, c’est d’abord celui qui passe la musique en discothèque !
Même si des célébrités sont apparues et ont donné ses lettres de noblesses à l’art du mix, les coulisses sont assez obscures, pour le plus grand nombre.

Voulez-vous nous aider à y voir plus clair ?

Bonjour ! Oui avec plaisir !

Vous pouvez expliquer à notre public quel est le travail d’un DJ pour sortir un titre, qui fait quoi exactement, auteurs, compositeurs, interprètes, arrangeurs, re-mixeurs, producteurs… ?

De manière simplifiée (sachant que parfois plusieurs personnes interviennent sur le même rôle) :

  • Le producteur finance le projet, les intervenants et les collaborateurs
  • Le compositeur compose la partie instrumentale (mélodies, basse, accords)
  • L’auteur écrit les textes et la mélodie vocale
  • L’arrangeur structure le morceau et choisi les différents types de sons et d’instrument
  • L’interprète chante le morceau
  • L’ingénieur son s’occupe du mixage du morceau et éventuellement de son mastering
  • Le remixeur utilise la composition et l’interprétation pour créer un nouvel arrangement généralement dans un genre musical différent

Ensuite pour répondre à votre question « qui fait quoi ? » Je vous dirai que tout dépend du DJ ! En effet, tout comme certains interprètes ne sont pas toujours auteurs certains sont uniquement producteurs et financent le morceau tout en le supervisant, d’autres comme moi composent, mais sont également auteur, arrangeur, ingénieur son, le tout seul ou en collaboration selon le titre.

La réalité est assez complexe car il n’y a pas de distinction faite entre ceux qui financent uniquement et ceux qui font quasiment tout eux-mêmes, le tout étant regroupé sous le terme de « DJ & Producteur » qui veut à la fois tout et ne rien dire car il est de fait possible d’être producteur en ne faisant que commander un morceau réalisé par d’autres.

Comment avez-vous débuté dans le secteur ?

J’ai commencé les cours de solfège à 6 ans puis le DJing lorsque j’avais 14 ans et ce jusqu’à mes 20 ans. Ensuite j’ai mis cette passion de côté pour me consacrer entièrement à l’informatique, qui était mon autre grande passion et dont j’ai fait mon activité professionnelle principale.

Renaissance est le premier EP sorti par Max M.

Quels sont vos modèles, qui admirez- vous dans la profession, et qui vous déplaît ?

Concernant les modèles je peux citer Jean-Michel Jarre, qui est pour moi l’un des pères fondateurs de la musique électronique mais également Max Martin qui est un producteur à succès dont j’adore le travail ou encore les Daft Punk.

Personne ne me déplait en particulier si ce n’est un certain manque de transparence et d’ouverture dans le milieu, les artistes indépendants étant en général exclus au profit des artistes signés notamment sur les médias nationaux.

La marque semble être privilégiée à la qualité et je trouve cela dommage, d’autant plus chez nous en France où il serait légitime que les productions Françaises indépendantes de qualité – et ce même si les textes sont en Anglais – soient mises plus en avant que celles provenant d’autres pays.

Le blocage est tel que dans mon cas, même si plusieurs de mes titres ont gagnés des compétitions aux États-Unis ou sont entrés dans les charts commerciaux en Angleterre les médias nationaux ont refusé de les diffuser malgré des résultats assez exceptionnels dans les panels d’auditeurs.

Vous faites référence à JM Jarre ou Daft Punk, que dans notre révérenciel, on classe plutôt parmi les compositeurs de musique électronique, comme Vangelis, mais vous ne faites pas référence à ce que l’on attendait comme exemple pour la nouvelle génération de DJ, tels que David Guetta ou Laurent Wolf ?

Effectivement je me positionne avant tout comme un producteur/compositeur, la partie DJ me permettant de faire de la scène plutôt que de rester dans l’ombre.

Je suis à l’origine de la composition de chacun de mes titres et au-delà de la composition et de l’arrangement j’effectue également moi-même le travail d’ingénieur son (mixage et mastering).

Ne vous méprenez pas j’adore la scène cependant à terme si mon projet décolle je me vois plus produire pour moi-même ainsi que pour d’autres tout en faisant une part raisonnable de scène plutôt qu’avoir peu de temps en studio, à l’instar des Daft Punks ou de Jean-Michel Jarre.

Pouvez-vous nous dire sur quel matériel vous travaillez ?

J’ai aménagé une chambre en studio, la pièce étant traitée et corrigée, ce qui me permet de composer, enregistrer, arranger, mixer et masteriser sans quitter mon domicile.

Le cœur de mon studio est un Mac Pro équipé d’interfaces Universal Audio reliées à des moniteurs Focal. Mon synthétiseur principal est un Moog One connecté à un préampli API et j’utilise également un clavier Komplete Kontrol ainsi qu’une Maschine pour la partie rythmique.

Concernant la partie DJ je travaille avec un contrôleur Pioneer RZX.

Quelle est la part de créativité du DJ, y a-t-il autre chose que des morceaux composés à partir de titres existants ?

Tout comme la première question de cette interview tout dépend du DJ et de ses capacités en termes de composition, d’arrangement…

Il est cependant à noter que lorsqu’un artiste demande un remix, l’une des contraintes est souvent de respecter la composition d’origine, les remixes étant généralement rémunérés de manière forfaitaire sans aucun droit d’auteur pour le remixeur.

De mon côté je trouve l’exercice de la nouvelle composition très intéressant car il permet d’exprimer une vision complètement différente autour de la partie vocale. Même si en général le travail de remix est très cadré j’aime sortir des sentiers battus lorsque j’y suis autorisé et proposer une composition nouvelle qui correspond à ma vision.

Quel est le process que vous mettez en place dans la réalisation d’une nouvelle œuvre ?

En règle générale je commence par les accords, ensuite par la rythmique puis la ligne de basse. Ensuite je structure une démo en commençant par le refrain, puis les couplets et enfin le pont.

Une fois que j’ai une base instrumentale que je trouve intéressante je me rapproche d’interprètes afin de voir si le projet pourrait les intéresser puis nous travaillons le texte et la mélodie vocale.

Ensuite j’organise le morceau, finalise l’arrangement puis effectue la partie ingénieur son à savoir le mixage et le mastering.

Quelle relation entretenez-vous avec les artistes avec lesquels vous collaborez ?

Je dirai plutôt excellente ! En effet nous travaillons ensemble et avançons en ayant le même objectif : celui de faire un morceau réussi ! Comme dans toute relation professionnelle il peut parfois y avoir des frictions mais avec un peu de diplomatie aucun problème n’est impossible à résoudre d’autant qu’au risque de casser un mythe la majorité des collaborations sont rémunérées sous forme d’avance et que c’est le producteur qui finance.

Comment se passe le lancement d’un nouveau morceau ?

Le morceau est distribué sur les plateformes et je lance en parallèle une campagne de presse en France ainsi qu’une autre en Angleterre afin d’informer les radios, TVs, journaux, blogs, DJs de la sortie du titre. J’annonce également le morceau via mes réseaux sociaux.

« Used To Be » est le dernier single sorti par Max M, en collaboration avec Krees Waves et Stan Kayh.

Voyez-vous évolution dans votre activité ?

En Angleterre, au Maghreb ou encore en Amérique Latine il commence clairement à avoir un engouement de la part des DJs pour les différents titres de mon catalogue et de plus en plus de radios souhaitent être partenaires de mon projet.

En France de nombreuses radios locales commencent à playlister mes titres mais il n’y a pas pour le moment le même engouement que dans d’autres pays et j’espère sincèrement que cela va évoluer à l’avenir.

Comment expliquez-vous que des morceaux remixés explosent les résultats des titres originaux ?

Le remix permet d’atteindre une base de fan différente. Un morceau très pop peut devenir un morceau club grâce à un remix. Il est même également possible qu’un remix booste l’original qui était passé inaperçu.

Quels sont vos projets ? Sorties, événements,… ?

Je viens de terminer un titre en collaboration avec une chanteuse Anglaise qui va sortir sous peu et travaille sur deux autres titres à venir, l’un avec une chanteuse Américaine l’autre étant encore au stade d’instrumental mais les discussions avec une interprète potentielle sont déjà bien avancées.

Avez-vous des conseils que vous souhaiteriez donner à ceux qui voudraient se lancer ?

L’important est de faire la musique que l’on aime, se faire plaisir en la produisant et ensuite de trouver les personnes qui partagent la même sensibilité. Il faut beaucoup de courage, de ténacité et (malheureusement) un certain budget mais je suis convaincu que les efforts finissent toujours par payer à un moment ou un autre. Un morceau n’est jamais mort, il peut toujours revenir sur le devant de la scène et ce même des années après sa sortie !

Pour illustrer le travail de remix, Max a sélectionné pour nous un exemple, le titre original de Gabe Kubanda « Let’s Ride », et le Remix qu’ils ont réalisés ensemble.

Nos lecteurs auteurs-compositeurs indépendants pourraient être intéressé par un remix de leur titres existants (surtout après avoir lu toutes vos explications…).
A eux plus particulièrement, que conseilleriez-vous ?

Un remix dans un genre tendance permet de toucher une audience différente et gagner de nouveaux fans, mais également de faire connaître le nom d’artiste dans les clubs. Il permet aussi à des titres se trouvant dans des genres spécifiques de trouver une audience beaucoup plus large. Trouver un remixeur dont on aime la vibe est un excellent point de départ.

Peuvent-ils vous contacter pour une collaboration ?

Bien sûr j’en serai ravi !

Quel budget faut-il prévoir, et quelle proportion de droits d’auteur faut-il céder ? (Cette question n’est pas obligatoire, c’est à vous de voir si vous souhaitez répondre ou non, mais ce serait bien de quand même donner une idée…)

Pour être transparent tout dépend de la demande et du projet.
J’essaye de m’adapter aux moyens de l’artiste et suis toujours ouvert pour trouver des solutions honnêtes pour l’ensemble des parties.
A titre d’exemple il m’est arrivé de faire un remix gracieusement car je trouvais la ligne vocale inspirante (composition complètement nouvelle) et nous avons partagé les droits et les revenus avec le chanteur.
Si je reprends la composition existante et suis payé au forfait il n’y a pas de droits. Selon le travail demandé cela commence à 500 euros HT mix & master inclus.

Merci beaucoup Max, vous nous avez apporté des éclaircissements et des conseils, nous allons suivre attentivement vos prochaines sorties.
A bientôt !

Max M : Site OfficielFacebookInstagramTwitter

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